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L’Alemtuzumab versus un traitement par interféron dans les formes précoces de sclérose en plaques

Cette étude de phase 2, multicentrique, randomisée, en aveugle, a comparé l’alemtuzumab, un anticorps monoclonal antiCD52 (qui entraîne une déplétion lymphocytaire T prolongée et une modulation du répertoire lymphocytaire) à de l’interféron bêta-1a sous-cutané. La randomisation a eu lieu entre décembre 2002 et juillet 2004 avec un suivi de 36 mois.

L’essai a porté sur un total de 334 patients atteints de SEP rémittente (critères de McDonald) évoluant depuis moins de 3 ans, avec un EDSS<3, préalablement non traités, ayant eu deux poussées au moins durant les deux dernières années et ayant au moins une prise de contraste à l’IRM.

L’alemtuzumab était administré par voie intraveineuse à une dose quotidienne de 12 mg ou 24 mg, cinq jours de suite à M0 et trois jours de suite à M12 plus ou moins M24. L’interféron bêta-1a était administré à la dose de 44 μg trois fois par semaine par voie sous-cutanée. Tous les patients ont reçu également1 grammede méthylprednisolone par voie intraveineuse trois jours de suite à M0, M12 et M24.

L’administration d’alemtuzumab a dû être interrompue en septembre 2005 car trois cas de purpura thrombopénique immunologique dont un mortel sont survenus. Le traitement par interféron bêta-1a a été poursuivi tout au long de l’étude.

Les co-principales mesures d’efficacité étaient le temps pour atteindre une accumulation confirmée du handicap et le taux de poussées.

Le neurologue examinateur, établissant le score EDSS et comptabilisant les éventuelles poussées, n’était pas au courant du traitement reçu car les patients portaient des vêtements couvrant les sites d’injection.

Il n’y a pas eu de différence significative entre les deux doses d’alemtuzumab en termes de sécurité ou d’efficacité.

L’alemtuzumab a réduit significativement le taux d’accumulation confirmée du handicap en comparaison de l’interféron bêta-1a (9,0% vs. 26,2% ; RR : 0,29% ; IC 95% : 0,16 à 0,54 ; P<0,001) et le taux annualisé de poussées (0,10 vs. 0,36 ; RR : 0,26 ; IC 95% : 0,16 à 0,41 ; P<0,001). L’EDSS moyen a diminué de 0,39 point dans le groupe alemtuzumab et augmenté de 0,38 point dans le groupe interféron bêta-1a (P<0,001). Dans le groupe alemtuzumab, la charge lésionnelle en T2 était réduite par rapport à celle du groupe interféron bêta-1a (P<0,005). De M12 à M24, le volume cérébral a augmenté dans le groupe alemtuzumab mais diminué dans le groupe interféron bêta-1a (P=0,02).

Les effets indésirables dans le groupe alemtuzumab par comparaison au groupe interféron bêta-1a ont été principalement auto-immuns (dysthyroïdies [23% vs. 3%] et purpura thrombopénique immunologique [3% vs. 1%]) et infectieux (66% vs. 47%).

En conclusion, chez les patients atteints de SEP rémittente à un stade précoce, l’alemtuzumab est plus efficace que l’interféron bêta-1a mais entraîne des effets secondaires auto-immuns, dont la forme la plus grave est le purpura thrombopénique immunologique.

Alemtuzumab vs. interferon beta-1a in early multiple sclerosis. CAMMS223 Trial Investigators, Coles AJ, Compston DA, Selmaj KW, Lake SL, Moran S, Margolin DH, Norris K, Tandon PK. N Engl J Med 2008 Oct 23;359(17):1786-801.

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