Copaxone® et grossesse
Dr Marie-Pierre COURNOT (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes, Hôpital Armand Trousseau, 26, av du Dr Arnold Netter 75571 PARIS Cedex 12, www.lecrat.org)
Les éléments disponibles pour la Copaxone® en cours de grossesse sont les suivants.
Le glatiramère est un polypeptide de synthèse de poids moléculaire élevé, environ 5000 à 9000 daltons, ce qui laisse penser qu’il n’y a peut-être pas de passage placentaire.
Le glatiramère n’est pas tératogène chez l’animal.
Les données cliniques disponibles sont pour l’essentiel uniquement publiées sous forme d’abstract de congrès :
Les grossesses survenues pendant les essais cliniques (40 grossesses) ou signalées à la firme en post-marketing (345 grossesses) et présentées uniquement sous forme d’abstract lors du congrès 2003 de l’AAN (Coyle 2003) : plus de 90% des femmes ont arrêté la Copaxone® lors de la découverte de la grossesse, il s’agit donc essentiellement d’expositions au 1er trimestre. Il y a environ 160 enfants (le reste se répartit entre les femmes perdues de vue, les grossesses en cours, les fausses couches et les IVG), apparemment sans augmentation des malformations par rapport à la population générale, ni tableau malformatif particulier, mais les données de la firme sont très difficiles à interpréter et apportent peu d’informations.
TIS (Teratology Information Services, ce sont des centres comme le nôtre) de Berlin (Weber-Schoendorfer 2008, abstract) : 27 femmes enceintes. Un enfant présente une malformation cardiaque (communication interauriculaire) et les poids de naissance des enfants sont significativement plus élevés que ceux des témoins.
TIS de Ravensburg (Paulus 2008, abstract) : 20 femmes enceintes dont 16 ont arrêté dès la découverte de la grossesse. Deux femmes ont fait une IVG, une femme a fait une fausse couche et 17 enfants sont nés sans malformation.
Registre allemand de grossesses et SEP (Hellwig 2009, abstract) : parmi 47 grossesses chez des patientes atteintes de SEP, 27 sont sous Copaxone®, essentiellement au 1er trimestre. La fréquence des malformations dans la cohorte des 47 grossesses est comparable à celle de la population générale, de même que le poids de naissance des enfants.
Système de pharmacovigilance canadien (Tremlett 2008) : 4 effets indésirables leur ont été signalés rétrospectivement chez des enfants ou des fœtus exposés in utero à la Copaxone® (une mort fœtale, une fausse couche, une malformation cardiaque et un enfant présentant à la naissance des petits troubles non malformatifs).
Dans notre centre nous avons suivi 6 grossesses. Toutes les femmes ont arrêté la Copaxone® soit très tôt soit au plus tard à 18 semaines d’aménorrhée. Il y a eu 2 fausses couches et 5 enfants (une paire de jumeaux).
Au vu de ces données, une exposition fortuite en début de grossesse ne justifie pas d’inquiétude particulière.
Pour ce qui est de la poursuite de la Copaxone® en cours de grossesse, tout dépend pour chaque patiente du bénéfice attendu et des alternatives envisageables. En effet, l’absence d’information sur son mode d’action et sur son devenir dans l’organisme questionne sur son maintien en cours de grossesse. Néanmoins, si l’arrêt de la Copaxone® fait courir un réel risque de progression du handicap ou d’augmentation importante des poussées, sa poursuite pourrait être envisageable, au mieux après la fin du 1er trimestre. La décision ne peut être prise qu’au cas par cas.