Questions Professionnelles

Les patients atteints de SEP peuvent-ils faire don de leurs organes et de leur sang ? Les patients atteints de SEP peuvent-ils faire don de leurs organes et de leur sang ?

La sclérose en plaques n’est pas une contre-indication à un prélèvement d’organes

Les personnes atteints de sclérose en plaques (SEP) sont, comme le reste de la population, susceptibles d’être des donneurs potentiels d’organes, si elles remplissent les conditions de la loi de bioéthique du 6 août 2004 sur le principe du consentement présumé : après sa mort, toute personne est considérée consentante au don d’éléments de son corps si elle n’a pas manifesté son opposition de son vivant.

A ce jour, plusieurs greffes, essentiellement de reins et de foie, ont été réalisées à partir d’organes prélevés sur des personnes atteintes de SEP, en état de mort encéphalique, a précisé le Dr Atinault de l’Agence de Biomédecine.

La SEP n’est pas considérée comme une maladie transmissible. Les personnes atteintes de SEP sont retenues comme donneurs potentiels, elles sont invitées à faire connaître leur volonté de leur vivant auprès de leurs proches.

La sclérose en plaques est une contre-indication définitive au don du sang homologue

Le Dr Xavier Coursières, de l’Etablissement Français du Sang, a affirmé qu’au nom du principe de précaution pour les receveurs régissant actuellement la règlementation des dons de sang, toutes les personnes diagnostiquées porteuses de maladies auto-immunes, dont fait partie la SEP, sont récusées du don.

En effet, le risque de transmission d’une affection auto-immune via les cellules et celui de transmission d’auto-anticorps via le plasma sont encore mal évalués en l’état actuel de la science.

Le risque de survenue d’une crise épileptique chez des personnes épileptiques lors d’un don de sang est tout à fait documenté.

Le risque pour les personnes atteintes de SEP d’avoir une poussée lors d’un éventuel don de sang, même s’il n’est pas connu à ce jour, peut être à lui seul un motif d’éviction au don du sang sur la base du principe de sécurité pour le donneur.

Pourquoi ces pratiques de santé semblent-elles contradictoires ?

La réalité des pratiques de santé concernant la greffe repose sur le manque conséquent de greffons : près de 7000 patients en attente de greffe, seulement 4200 greffes annuelles sont réalisées. L’agence de la biomédecine a tranché et ne retient que le bénéfice vital à obtenir une greffe, comparé au risque non prouvé de contracter la SEP au décours de la greffe. A ce jour, seuls des foies ou des reins de sujets atteints de SEP ont été greffés.

L’Etablissement Français du Sang, opérateur unique de la transfusion sanguine en France, définit les bonnes pratiques transfusionnelles. Plus de 2,5 millions de dons de sang sont réalisés en moyenne chaque année. En terme de santé publique, le risque potentiel de développer une maladie auto-immune lors d’une transfusion de produits provenant d’un patient reconnu porteur d’une maladie auto-immune est trop important au vu du grand nombre de receveurs de produits sanguins labiles en France. Rappelons également que la notion de sécurité transfusionnelle a été renforcée au décours de l’affaire du sang contaminé des années 1990, et a probablement renforcé ainsi le principe de précaution en matière transfusionnelle.

Cette «culture du principe de précaution » en France semble bien plus peser sur les pratiques du don du sang que sur celles des prélèvements d’organes.

Cette discordance serait-elle seulement liée au degré d’urgence vitale, à la disponibilité inégale des greffons versus les produits sanguins, ou bien au fonctionnement indépendant des deux organismes décisionnaires : l’Etablissement Français du Sang et l’Agence de Biomédecine ?

Et ailleurs qu’en France ?

Outre-Atlantique, le Canada est déjà depuis longtemps sensibilisé aux problématiques des patients atteints de SEP via la Multiple Sclerosis Society of Canada ou Société Canadienne de la Sclérose en Plaques. Le Dr. Joël Oger, directeur de la clinique de recherche sur la SEP à la faculté de médecine UBC à Vancouver a confirmé que partout au Canada les malades atteints de SEP ne sont pas acceptés comme donneurs de sang. Cependant la clinique d’Ottawa devrait soumettre prochainement au gouvernement fédéral canadien une révision des critères médicaux des donneurs de sang. « Les directives tendraient alors peut-être à se modifier prochainement, du fait de l’étiopathogénie de la SEP maintenant mieux connue, privilégiant une cause multi-factorielle avec la possibilité d’une réponse auto-immune jouant un rôle important plutôt qu’une cause infectieuse potentiellement transmissible ».

Quant aux dons d’organes, en l’absence d’agence centralisée au Canada, il semblerait que ce soit au coup par coup que les décisions de prélèvements d’organes sur les sujets atteints de SEP soient prises, la plupart d’entre eux décèderaient à un stade trop avancé de la maladie, ils ne seraient alors plus prélevables...

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