Questions Professionnelles

Multiple sclerosis presenting as neurological decompression sickness in a U.S. navy diver. Jan MH, Jankosky CJ. Aviation, Space, and Environmental Medicine. Vol. 14, No. 2, February 2003.

Les auteurs de cet article présentent le cas d’une femme de 23 ans, plongeuse sous-marine dans l’armée américaine, ayant présenté environ 19 heures après une plongée, un engourdissement de l’hémitronc gauche. Cet engourdissement persistait depuis trois semaines lorsqu’elle a consulté le médecin militaire. La plongée avait été routinière, non compliquée, sans efforts intenses et dans les limites de non décompression. La patiente fut considérée comme ayant un probable accident de décompression neurologique et traitée immédiatement par oxygène hyperbare.

Il est ressorti de l’anamnèse que la patiente avait eu en fait trois autres épisodes neurologiques dans le passé. Le premier est survenu huit ans plus tôt, à type d’ataxie, de nystagmus dans le regard vers la droite et de paralysie faciale périphérique droite avec scanner cérébral et potentiels évoqués visuels normaux. Les potentiels évoqués auditifs étaient altérés à droite. Il n’avait été pratiqué ni IRM ni PL. Il fut dit à la patiente qu’elle avait possiblement une SEP débutante.

Un deuxième épisode était survenu trois ans plus tôt, après une plongée sans décompression, à type de céphalées et de faiblesse généralisée avec à l’examen une parésie faciale gauche, un léger déficit du membre supérieur gauche et une paraparésie prédominant à gauche. La patiente fut traitée par oxygène hyperbare avec une amélioration rapide.

Un troisième épisode, résolutif en trois semaines, était survenu sept mois plus tôt, à type d’engourdissement de l’hémithorax et du membre supérieur droits, de faiblesse du membre inférieur droit. Il fut pris pour une neuropathie à l’isoniazide qu’elle recevait pour une intradermoréaction tuberculinique positive sans symptômes respiratoires et avec une radiographie pulmonaire normale.

A la suite de l’épisode actuel, pour lequel l’oxygènothérapie fut inefficace, un bilan neurologique complet fut réalisé et permit de conclure à une SEP récurrente-rémittente cliniquement certaine. L’IRM était typique de cette affection, avec des lésions sus- et sous-tentorielles, dont une prenait le contraste.

Le diagnostic différentiel des accidents de décompression neurologiques, particulièrement dans les cas atypiques, doit donc inclurela SEP.

Ce cas illustre l’une des principales raisons pour lesquelles de nombreux experts médicaux considèrentla SEPcomme une contre-indication à la plongée : l’aggravation d’une pathologie neurologique préalablement diagnostiquée peut mimer un accident de décompression neurologique et entraîner une oxygénothérapie hyperbare inutile, coûteuse et consommatrice de temps. Les rapports entre SEP, plongée et accidents de décompression sont complexes. Un accident de décompression médullaire pourrait être plus grave chez un patient SEP du fait d’une réserve médullaire moindre. On ne sait pas si une poussée de SEP pourrait être favorisée par une complication (même infraclinique) de la plongée comme un accident de décompression ou une embolie gazeuse artérielle.

Sans surprise,la SEPest donc largement considérée comme une contre-indication à la plongée professionnelle, commerciale et militaire. Cependant, le risque de la plongée de loisir pourrait être faible pour des patients bien sélectionnés mais les données manquent encore sur le sujet.

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